De Nous À Vous

Pourquoi expliquer le consentement aux enfants

Etre parent c’est accepter ou du moins essayer de voir son enfant de la manière la plus vraie possible, la plus authentique en évitant tous les filtres affectifs et les nombreuses projections que nous leur portons.  

Nous sommes donc toujours étonnés et surtout dérangés quand nos chers bambins commencent à poser des questions sur leur sexe ou celui de leur ami ou frère et sœur.  Dès trois ans ces questions de la différence et du plaisir les questionnent et nous chamboulent…dèjà !!!  

Et pourtant il va falloir aborder toutes ces questions et le plus tôt possible pour d’une part lui permettre de mieux connaître son corps et ses émotions et d’autre part respecter chez lui et chez les autres cette part importante de sa vie, cette intimité que l’on construit dès le plus jeune âge et qui fera de nous plus tard un adulte bien dans sa tête et son corps comprenant que le consentement est la base de tous échanges ( sexuels ou non) avec qui que ce soit.

Alors chers parents courage !  Et rassurez vous, nous aussi en collectivité nous sommes souvent bousculées par ces questionnements et souvent confrontées au problème du consentement.
A partir de Janvier 2024, nous mettons en place des ateliers sur le consentement, durant tout le premier trimestre.

Pourquoi expliquer le consentement aux enfants ? 

Expliquer le consentement est devenu une nécessité pour eux comme pour la société.

Nous sommes en effet quotidiennement rappelés à l’ordre par l’actualité qui ne cesse de mettre en évidence différentes affaires sur l’absence de consentement et les énormes dégâts qui s’en suivent.  Les réseaux sociaux, les journaux la télévision rapportent tous des comportements qui non seulement choquent nos valeurs mais nous mettent en danger et bien sur par extension nos enfants.  Pour que nos enfants sachent dire non et comprennent pourquoi ils disent oui, une éducation aux règles du consentement est nécessaire dès le plus jeune âge.

Cela pourra passer par de petites règles anodines, par des livres adaptés, par de petites vidéos très explicatives et toujours par un dialogue permanent et authentique.

L’apprentissage du consentement a un effet double, non seulement il évitera à votre enfant d’être plus tard un «  agresseur » mais aussi une victime.  Grâce à ces notions, il va apprendre qu’il a le droit de dire non et que son corps lui appartient.  Ainsi il n’aura pas à faire un bisous à quelqu’un de la famille s’il n’en a pas envie, pour lui dire bonjour ou au revoir.  Il existe de nombreuses manières de dire bonjour ou au revoir à quelqu’un on peut lui serrer la main, hocher la tête en souriant agiter la main ou simplement le dire…Pourquoi obliger les enfants à faire un bisou même si "l'embrassade" est culturelle comme à Tahiti ?

Un bisous est en réalité un contact qui demande que des liens soient tissés pour qu’il soit consenti, des liens de confiance et de bienveillance qui n’ont rien à voir avec une projection parentale.  Si vous obligez votre enfant à se soustraire alors vous lui apprenez que son ressenti n’a aucune valeur vous lui demandez de passer outre son ressenti de ne pas s’écouter… Les raisons de son refus peuvent être multiples, essayez de les comprendre d’y mettre des mots dessus et trouver avec lui une alternative faisant consensus : «  Tu n’es pas obligé de faire un bisous mais tu peux dire nana avec la main  » accompagné du geste…

La volonté c’est aussi un droit qu’ont les enfants.

Tout comme les adultes ils ont le droit de vouloir ou de ne pas vouloir quelque chose.  Que cette volonté soit passagère ou récurrente, cela doit se respecter.  Un bisou est un contact physique, une marque d’affection qui doit être consentie par chacun pour avoir lieu.

On entend souvent dire, les adultes aux enfants qui refusent un bisous «  tu veux pas faire de bisou ?  C’est que tu es méchant alors ?
Non non non, vous ne devez pas faire de reproche ou de chantage aux enfants.  Ce n’est pas en les humiliants qu’ils vous respecteront…
Il arrive parfois que votre enfant veuille absolument faire des bisous à sa sœur, à un copain voir un adulte.  Vous devez à ce moment là intervenir car votre enfant doit aussi respecter la volonté de chacun, il n’a pas tous les droits.
Souvent derrière ce besoin de câlins et de bisous se cache autre chose une multitude d’émotions qu’il doit apprendre à connaître et à gérer.  Pour cela vous devez l’aider à les identifier, lui expliquer, les nommer et lui apprendre ce que cela signifie..
Apprendre à dire non c’est apprendre à identifier son besoin apprendre à l’accepter et à l’intérioriser pour ensuite se faire respecter.
Apprendre à dire oui, à consentir c’est faire un choix et l’assumer sans être victime juste consentant.
Vous devez l’aider l’éduquer et lui apprendre à dire non.  Il a le droit de disposer de son corps.  

« C’est toi qui décides ce que tu fais de ton corps.  Personne d’autre ne doit te dire ce que tu fais de ton corps. Ni tes amis, ni des inconnus, ni même des adultes que tu connais.  Personne ne doit te dire ce que tu fais de ton corps … sauf toi !  C’est ce qu’on appelle l’intégrité physique »

Le consentement, c’est savoir dire « oui » ou « non » quand il s’agit de notre corps.  Pour pas mal de personnes, il semble être compliqué de comprendre où se situe la limite, la barrière du « non », et l’acceptation de ce mot.  Et c’est pour cela qu’il est primordial d’apprendre cette notion aux plus jeunes, filles comme garçons.

1. Le plus tôt c’est fait, mieux c’est

On pense souvent qu’on a le temps d’attendre la puberté, l’adolescence, pour parler de consentement, de sexualité, de rapports avec les autres.  Et bien non.  Dès l’âge de 3 ans, un enfant peut comprendre qu’il peut dire non, et qu’il n’a pas à forcer les autres à recevoir ou imposer son affection physique.

2. Utiliser des mots adaptés

Quand la fameuse question tant redoutée parles parents, à savoir « comment est-ce qu’on fait les enfants ? » est balancée entre le fromage et le dessert par votre héritier, le mieux n’est pas de dire un truc du style « c’est se faire un câlin », car ça peut carrément l’embrouiller et prêter à confusion.  Il peut-être plus adapté de dire par exemple que « c’est s’embrasser avec tout le corps », comme le conseille l’éducatrice spécialisée Emilie Parent.

3. Ça concerne autant les petites filles que les petits garçons

On apprend souvent la notion de consentement aux petites filles en leur disant qu’elles doivent savoir dire « non » pour les protéger d’une éventuelle agression sexuelle.  Mais il est tout aussi important d’expliquer cette notion de consentement aux petits garçons, qui pourraient être victimes eux aussi d’abus, ou être potentiellement des agresseurs (parfois sans même s’en rendre compte) plus tard en grandissant.

4. Lui apprendre que soncorps est à lui, et rien qu’à lui

Et que personne, jamais personne, n’a le droit de le toucher sans son accord, et encore moins le forcer à faire quoi que ce soit avec, s’il ne le veut pas. L’enfant se laisse souvent entraîner par l’effet de groupe et la notion de consentement peut être assez abstraite pour lui, c’est pour cela qu’il faut l’éduquer au plus tôt.

5. Il faut favoriser la prise de parole chez les petits

Lorsqu’une petite fille raconte qu’un copain de classe a baissé sa culotte pour voir à quoi ça ressemblait dessous, il ne faut surtout pas minimiser l’évènement, en se disant que c’est un acte innocent et sans conséquences.  C’est faux, il y a des conséquences, et des traumatismes.

6. Lui faire lire des livres ou regarder des vidéos qui traitent du sujet

Si vous ne vous sentez pas à l’aise avec ce genre de discussion, parce que ce n’est pas votre truc ou que vous avez vous-même un rapport à la sexualité qui n’est pas totalement serein, il existe des planches de BD ou des courtes vidéos qui peuvent être vues par les plus jeunes et qui expliquent très bien cette notion de consentement.

7. Ne pas penser qu’il/elle est trop petit(e) pour comprendre

Un enfant commence à se questionner sur la sexualité et la découverte de l’autre à partir de 3 ans, et il est parfaitement capable, avec un vocabulaire adapté, de comprendre ce que vous lui expliquez.  Il ne faut pas prendre le prétexte de l’âge pour éviter de parler de ce sujet primordial.

8. Parler de consentement avec un petit, ce n’est pas forcément parler de sexualité

On ne vous dit pas de lui dire à 3 ans comment vous l’avez fabriqué, sextape à l’appui.  On se calme.  Parler de consentement, ça peut se traduire par des actes simples, comme ne pas être obligé de faire un bisou sur la joue si on ne le veut pas, ne pas être obligé de faire un câlin, de tenir la main de quelqu’un, etc.  On ne parle pas tout de suite de reproduction, si l’âge n’est pas adapté.

9. Ne pas faire les mêmes erreurs que nos parents

Vous vous souvenez, quand vos parents disaient « sois gentil et fais un bisou à la dame » ? Grosse erreur malheureusement.  Ce genre de tics verbaux sont la représentation typique du manque de consentement, celui qu’on impose aux enfants, alors qu’il peuvent juste se contenter de faire un signe de la main ou de dire « au revoir », sans devoir forcément avoir un contact physique non désiré avec une personne.  On peut apprendre la politesse, sans obligatoirement faire un bisou à Tatie Suzette qui pique de la moustache.

10. Adapter son discours à chaque âge

A trois, six, neuf, douze ans, on ne va pas expliquer les choses de la même manière, bien évidemment.  Mais qu’il y a malheureusement des cas de viol en réunion dès le collège, on peut se dire que oui, expliquer ce qu’est le consentement, ce n’est jamais trop tôt.

La période du "Non"

Et oui, on a beau l'oublier assez vite, mais entre 12 et 18mois l'enfant commence à se déplacer tout seul et à toucher à tout, et quelle est la réponse des parents face à ces situations ? Le "Non" Et les parents ont donc leur période du non avant celle de leur enfant.

L'enfant comprend bien que ce « non » intrusif vient l'empêcher de mener à bien une découverte où toute autre activité entreprise.  Au moment où lui-même va affirmer sa personnalité, c'est donc avec le plus grand des naturels qu'il dira non dès que l'occasion se présentera.

Comment gérer la période du non ?

Il est possible de minimiser cette période du non par des mesures préventives veillant à amorcer dans la bienveillance et le respect commun la période où l'enfant affirme sa personnalité.

• Gérer la période du non en amont:

-    Remplacer l'utilisation du « non ». Le non est l'un des mots les plus populaires chez les enfants parce qu'il l'est aussi (et d'abord) chez les parents. Vous pouvez remplacer l'utilisation du « non » par un autre mot, comme « stop » par exemple. ! Dire « stop » pour arrêter l'enfant dans une action qui vous déplaît parait plus adapté et plus efficace.

-    Centrez vous sur les «vrais » non : Certains parents disent « non » à l'enfant par automatisme, et pourtant l'action faite par l'enfant n'est pas réellement problématique pour le parent. Avant de dire « non», il convient de se poser la question : « Est-ce que je veux réellement l'empêcher de faire cela ». Se concentrer sur les « vrais » non renforcera la valeur et l'intérêt de ce mot et sera perçu différemment par l'enfant.

- Éviter les questions fermées La réponse à une question fermée est« oui » ou « non ». Au lieu de poser une question telle que « Veux tu aller te promener ? » dites lui « Nous allons partir nous promener. » Au lieu de lui demander s'il veut manger de la purée, demandez lui combien de cuillère de purée il veut.., et ainsi de suite pour toutes les situations du quotidien. Donner des informations et lui permettre de faire ses propres choix vont renforcer son estime de soi.

- Écouter l'enfant. Certains « non » n'ont pas de sens, l'enfant est alors fâché ou contient une pression. Aidez le à lui faire relâcher cette pression en le prenant dans vos bras, en lui parlant, en le rassurant, en l'écoutant ou en l'amenant sur autre chose.

Avoir une attitude positive et respectueuse aide l'enfant à se construire et à dépasser cette période du non. Le parent est l'un des acteurs principal de cette période du non, par ses actions, ses attentions et toute sa démarche, il peut aider l'enfant dans le cheminement de son « moi » intérieur et dans le respect de sa personne.

• Gérer la période du non en aval.
- Donner de l'attention à ses « oui ». Favoriser l'interaction lorsque l'enfant dit « oui » va lui donner l'envie de répéter ce comportement. Parallèlement, donner moins d'attention à ses « non » contribuera à renforcer les « oui ».

-      Laisser l'enfant s'exprimer : L'enfant peut et doit avoir des moments où il n'est pas d'accord, des moments où il ne veut pas coopérer. C'est normal.  Par moment, quand vous sentez la légitimité dans sa conviction, ne pas insister permet à l'enfant de renforcer sa personnalité, son estime de soi et la confiance qu'il s'accorde et qu'il vous accorde.

- Éviter d'encourager ses non : Comment ne pas être attendrie devant son tout petit qui commence à s'affirmer et qui donne dans le « non » avec confiance et détermination. Certaines situations cocasses auront vite fait de vous faire sourire.  L'enfant le perçoit très bien, et en vous faisant rire il aura très vite envie de recommencer à attirer votre attention par le moyen du « non ».

-  Garder son calme: Les parents sont les personnes en qui l'enfant à le plus confiance, il se construit à travers notre regard. Il faut bien garder à l'esprit que la période du non est tout à fait normal. Le sachant, il est important de garder son calme face à des situations déstabilisantes et irritantes. Si vous sentez monter en vous une certaine colère, mieux vaut quitter la pièce et aller relâcher la pression en étant éloigné de votre enfant. Une fois apaisée, vous pourrez revenir vers lui.

-  Expliquer les choses: Parfois l'enfant dit « non » mais au final vous « imposerez le « oui ». Par exemple, lorsque l'enfant ne veut pas rendre le jeu emprunté à la ludothèque. Il faut alors prendre le temps de lui expliquer. Pour cela, vous pouvez vous mettre à sa hauteur, lui parler calmement et clairement et pourquoi pas l'impliquer, par exemple en lui disant « C'est toi qui va redonner le jeu à la dame de la bibliothèque »!

Même si elle n'est pas facile à gérer, cette période du non est saine car l'enfant se perçoit comme une personne à part entière qui cherche à affirmer ses propres choix. Accompagner avec douceur son enfant dans la construction de son estime de soi est l'un des plus beaux cadeaux que vous pourrez lui faire.

Il pleure beaucoup

Quel que soit son âge, un jeune enfant qui pleure (trop) souvent en journée est source de stress et d’épuisement pour les adultes, mais aussi pour les autres enfants du groupe. Cela tend à renvoyer au personnel un désagréable sentiment d’impuissance, voire d’incompétence. Tandis que d’autres se sentent envahis par ces pleurs répétés. Comment sécuriser l’enfant qui exprime haut et fort son malaise ?  

Pourquoi un enfant pleure-t-il ?

C’est une question de survie. Dès ses premières secondes de vie, le bébé est destiné à créer des liens avec les personnes qui l’entourent. Et pour cause, contrairement aux girafons qui se déplacent au bout de quelques minutes, un tout-petit est dépendant - physiologiquement et psychologiquement - de l’adulte ! Sa survie dépend donc à 100% de lui.

C’est une façon d’exprimer ses besoins. Ainsi, la nature l’a doté d’une palette de comportements qui lui permettent d’assurer la proximité de l’adulte en cas de besoin imminent : ces comportements, ce sont les pleurs et les cris, des signes aversifs qui soulignent naturellement une notion d’urgence.

Il est en état d’alerte. La moindre situation de malaise, de danger et/ ou de frustration (comme par exemple le sentiment d’insécurité, la sensation de faim, de froid, la fatigue) va placer l’enfant dans un état d’alerte. Cet état d’alerte va entraîner chez l’enfant l’activation de son système d’attachement : il va pleurer et/ou crier jusqu’à ce que l’adulte vienne à lui et réponde à son besoin. Dès que ce dernier sera assouvi, son système d’attachement va spontanément se désactiver. Depuis des millénaires, les pleurs augmentent donc les chances de survie des bébés.
Des réactions en cascade : L’adulte s’éloigne→ L’enfant est envahi d’un sentiment d’insécurité → Il plonge en état d’alerte→ Son système d’attachement s’active (pleurs, cris) → Il recherche la proximité de l’adulte dont il est dépendant, jusqu’à ce que son besoin soit assouvi ! L’adulte le prend dans les bras → L‘enfant est envahi d’un sentiment de sécurité→ Il n’est plus en état d’alerte → Son système d’attachement se désactive → Il arrête de pleurer, de crier !

Il a besoin de sa référente ou d’un adulte rassurant. Entre 6 et 9 mois, l’enfant va élire des figures d’attachement, c’est-à-dire des adultes garants de sa sécurité et de sa survie dans notre monde, des adultes en qui il aura confiance, des adultes à qui il va faire appel en priorité en cas de besoin. Dans la quasi-totalité des cas, les parents sont les figures d’attachement « principales » de l’enfant. La tata, la nounou, la référente de crèche est aussi - généralement - une figure d’attachement pour l’enfant, mais une figure d’attachement dite « secondaire » (on l’appelle aussi la figure d’attachement  « subsidiaire»). La figure d’attachement est, pour l’enfant, une base de sécurité.

Les pleurs permettent à l’enfant de se libérer des toxines induites par l’accumulation de stress, comme le fait de transpirer ou d’uriner. Comme pour l’adulte, pleurer lui permet de passer d’un état de stress à un état de bien-être. Dans ce cas, pleurer est un besoin en soi. Conclusion : inutile de chercher à réprimer ces pleurs à tout prix ! Mieux vaut prendre l’enfant dans les bras et accompagner ses pleurs avec douceur et empathie.

Ce ne sont pas des caprices, il ne joue pas non plus la comédie, il n’est ni manipulateur, ni comédien. Un enfant pleure toujours pour une bonne raison, même si cette raison est méconnue ou sous-estimée par l’adulte. A aucun moment, l’attitude de l’enfant n’est «raisonnée » ou « réfléchie ». Un enfant n’est pas en mesure de pleurer sur commande, pas plus qu’un adulte. Pour information, ses pleurs sont initiés des parties autonomes de son cerveau qu’il n’est pas en mesure de contrôler.

Aucun risque qu’il «s’habitue» aux bras ! Au contraire, les études en psychologie du développement soulignent que plus on répond rapidement et convenablement aux signaux d’alerte (cris, pleurs) d’un bébé, plus il sera confiant et autonome vers l’âge d’un an.

Comment réagir ?

Sur le plan individuel  

•Maintenez un lien invisible avec l’enfant, pour lui montrer votre disponibilité et lui assurer un sentiment de sécurité. Si vous ne pouvez pas le prendre dans vos bras, portez-lui une attention visuelle (recherchez régulièrement son regard) et/ ou verbale (parlez-lui régulièrement). En un mot, montrez-lui que vous ne l’oubliez pas. Et ce, même quand il ne pleure pas !

• Multipliez les temps de câlins, les contacts physiques rassurants. Prolongez les temps d’échanges individuels, tels que les changes ou les repas. Un enfant qui pleure est en état de stress. Le fait de le prendre dans vos bras sécrète en lui de l’ocytocine, l’hormone de l’attachement. Celle-ci va diminuer son stress et augmenter son sentiment de bien-être.

• Veillez à lui assurer un accueil individuel et chaleureux le matin, à son arrivée. Prenez le temps de le prendre dans vos bras quelques minutes. Si un autre enfant arrive au même moment, n’hésitez pas à passer le relais à l’une de vos collègues.

• N’oubliez pas le fidèle doudou. Le doudou fait la transition entre la maison et la crèche, entre la maman ou le papa et la référente (c’est pour cela qu’on l’appelle un objet transitionnel). Cela peut être une peluche, un tee-shirt, une écharpe. Il permet à l’enfant de conserver une trace, bien souvent odorante, de ses parents. Toutefois, il n’y a là aucune obligation, certains enfants ne s’attachant pas spontanément à un doudou.

• Proposez-lui la tétine avec modération. Il est vrai que la tétine tend à apaiser l’enfant. L’activité de succion lui apporte du plaisir et diminue son niveau de stress grâce à l’endorphine(hormones du bien-être) et à l’ocytocine qu’elle sécrète. Toutefois, attention de l’utiliser avec modération et respect de son rythme ! Evitez de faire de la tétine un « bouchon » qui empêchera l’enfant de pleurer, et ainsi de se libérer de ses toxines.

• Pour les plus grands enfants, demandez une photo de ses parents. En état de stress ou d’insécurité, l’image mentale des parents devient confuse dans la tête d’un enfant. Visualiser une photo peut lui permettre de réactualiser cette image et ainsi d’être rassuré. Bien entendu, cette piste fonctionne surtout avec les enfants plus grands qui se référent d'avantage à la vue qu’à l’odorat. Certains enfants prennent par exemple l’habitude de s’endormir en crèche avec la photo de leurs parents.  

Sur le plan collectif

• Anticipez au maximum les moments de transition, sources de stress et d’anxiété pour les enfants comme pour les adultes. Chaque enfant est naturellement perméable au stress ambiant. Privilégier une ambiance sereine autant que possible. Moins un enfant sera soumis au stress, moins il aura besoin de pleurer pour se décharger.  

• Créez des espaces contenants dans la section, des cachettes. Cela peut être une grosse boîte en carton, un rideau agrafé (solidement !) à un meuble sans porte, etc. A tout âge de la vie, et en particulier quand on est enfant, on apprécie pouvoir se cacher, s’extraire quelques instants de la dynamique du groupe.

• Placez un gros coussin moelleux dans un coin de la section. A défaut de bénéficier de votre présence, l’enfant pourra se blottir contre le coussin en cas de montée de stress. A son contact, le corps et le tonus de l’enfant se détendent, son émotion également.

La Morsure

De très nombreux enfants mordent, surtout avant l’âge de 3 ans. Malgré les apparences, les jeunes enfants n’ont pas l’intention de faire mal en mordant.  Leur cerveau n’est pas encore assez développé pour comprendre les conséquences de leurs gestes. Ils agissent ainsi parce qu’ils manquent de vocabulaire pour s’exprimer et qu’ils n’arrivent pas à bien gérer comme leurs émotions.

Voici ce qui peut parfois pousser un enfant à mordre :  

Il est en colère;
Il veut reprendre un objet ou il convoite le jouet d’un autre;
Il est fatigué;  
Il le fait pour s’amuser, sans mesurer sa force;
Il vit un événement stressant (ex. : changement dans ses routines, déménagement, naissance d'un bébé)
Il veut attirer l’attention des adultes
Il se défend;  
Il sait que c’est un moyen efficace d’obtenir ce qu’il veut;  
Il est dans un environnement qui ne lui convient pas (aucun endroit pour jouerseul ou une routine mal adaptée à son rythme à la garderie)
Il a été témoin ou victime de gestes agressifs;
Poussée de dents ...

Comment intervenir ?

Le meilleur moyen de faire en sorte que votre enfant cesse de mordre, c’est d’intervenir immédiatement après la morsure :

- Restez calme, ne réagissez pas trop. Une réaction excessive peut encourager un enfant qui cherche à attirer l’attention et à mordre davantage.  
-  Prenez tout d’abord soin de l’enfant qui a été mordu et consolez-le. Si votre enfant a mordu pour attirer votre attention, il verra que ça ne fonctionne pas et sera moins porté à recommencer.
-  Évaluez la gravité de la blessure. Si la peau est déchirée, lavez la plaie à l’eau chaude et au savon. Appliquez une poche de glace ou un linge frais pour empêcher l’enflure.
-  Veillez à ce que personne ne rie ou ne traite le comportement de l’enfant qui a mordu comme un jeu.
-  Regardez ensuite l’enfant qui a mordu dans les yeux et dites-lui calmement, mais d’une voix ferme : « Je ne veux pas que tu mordes les gens. » Évitez les longues explications. Essayez de lui expliquer les conséquences de son geste avec des mots simples : « Regarde, tu lui as fait mal. Elle pleure. » Si son vocabulaire est encore très limité, dites-lui simplement : « On ne mord pas. »
-  Incitez l’enfant qui a mordu à « réparer son geste ». Demandez-lui d’aller chercher une débarbouillette pour l’appliquer sur la blessure ou un toutou pour consoler l’autre enfant, par exemple.
-  Si votre tout-petit est encore hors de lui, attendez qu’il se calme avec un objet de réconfort, comme son doudou.  Aidez-le ensuite à mettre des mots sur ce qu’il veut ou sur son émotion. Par exemple : « Je veux le camion. », « Je suis fâché. » Revenez sur ce qui s’est passé en utilisant des phrases courtes : « Je comprends que tu es fâché, mais tu ne dois pas mordre. », « On demande avec des mots. »
-  Si votre tout-petit mord de nouveau, éloignez-le immédiatement des autres enfants.  Dites-lui : « Tu ne pourras plus jouer avec les autres enfants si tu les mords. Cela fait mal. »

À éviter

-  Ne demandez pas à votre enfant de faire un câlin à sa petite « victime » pour la réconforter. L’enfant mordu n’en a probablement pas envie.
-  N’exigez pas que votre tout-petit s’excuse, car il ne comprend pas ce mot. Il ne le ferait que pour vous faire plaisir.
-  Ne dites pas à votre enfant des phrases comme « Tu es méchant » ou « Tu es un bébé », car elles peuvent nuire à son estime de soi.
-  Ne mordez jamais votre enfant pour lui faire comprendre la douleur qu’il a causée. Cette mesure n’empêche généralement pas les tout-petits de mordre.  Pire : votre enfant pourrait en déduire que ce comportement est acceptable. Lui rincer la bouche au savon est tout aussi inefficace.

Comment empêcher un enfant de mordre à nouveau?

-  Essayez de comprendre ce qui l’a incité à agir ainsi en vous fiant aux signes qu’il vous donne. Demandez-vous : Qui? Quand? Où? Dans quel contexte?  Posez aussi des questions aux personnes qui s’occupent de lui. Leurs réponses pourraient vous aider à agir sur la cause de son comportement.  Sachez que les tout-petits tendent à se montrer plus agressifs quand ils sont fatigués, frustrés, surexcités, quand ils ont faim...
-  Soyez vigilant dans les jours qui suivent la morsure. Si vous sentez que votre enfant va mordre de nouveau, intervenez rapidement en redirigeant son attention ou en lui demandant de demeurer près de vous.
-  Valorisez votre enfant lorsqu’il pose un geste positif. Cela renforce ses bons comportements.
-  Aidez votre tout-petit à nommer ses sentiments. Par exemple, affichez des photos de personnes exprimant 3 émotions : colère, tristesse et joie.  Montrez chaque émotion du doigt et expliquez ce qu’elles représentent. Si votre enfant est en colère, montrez-lui la photo du visage en colère et dites-lui : « Tu es fâché. »

Tous les enfants finissent par apprendre à ne pas mordre, mais certains mettent plus de temps que d’autres. Faites preuve de patience et de fermeté, et soyez direct.  Cependant, communiquez avec votre pédiatre pour obtenir un avis si, après quelques mois, toutes vos stratégies demeurent inefficaces, si les morsures s’accompagnent d’autres comportements agressifs ou si votre enfant se fait mal à lui-même

L'agressivité

L'agressivité chez l'être humain est naturelle, c'est ce qui lui a permis de survivre et de s'adapter à son milieu. Elle n'est pas forcément négative. Elle est d'ailleurs valorisée dans le langage courant : "se battre pour y arriver", "être un jeune loup" et beaucoup d'expression y font référence. Elle fait donc partie du développement de l'enfant et le petit enfant est confronté à toutes sortes de pulsions qu'il n'est pas en mesure de contrôler, de même qu'il ne contrôle pas ses émotions. Il lui faut du temps pour intégrer les règles de la vie sociale et considérer l'autre comme un partenaire potentiel. C'est là le challenge de la vie en collectivité et de cet apprentissage progressif.

Petit, l'enfant est centré sur lui-même, sur la découverte de ses compétences et de son individualité. Il est d'abord occupé à se connaître lui-même avant de s'intéresser aux autres. A l'âge où nous accueillons les enfants, ils ne sont pas « prêts» à vivre en collectivité, tout au moins à partager une vie sociale telle que nous pouvons l'imaginer, nous adultes. En fait, les enfants que nous accueillons ne sont pas encore "civilisés". Ils sont à se débattre avec leurs émotions et leurs pulsions et petit à petit à intégrer les règle de la vie en société. L'agressivité survient brusquement vers 15-18 mois alors que l'enfant sort d'un âge « angélique» de bébé mignon et gazouilleur il devient peu à peu une personne qui s'affirme et s'oppose, à la grande surprise des adultes qui l'entourent ! A ce moment, les autres enfants, peuvent être une gêne pour l'enfant : ils lui prennent son espace vital, les jouets qu'il convoite ou bien lui renvoient sa propre image.

Les comportements agressif (taper, pousser, mordre ...) ne sont en tous cas jamais fait par « méchanceté» pure à cet âge, l'enfant en est incapable, puisqu'il n'a pas la notion du "bien" et du "mal". C'est donc aux adultes de fixer des limites et de faire connaître les règles sociales.
Les interdits sont clairement énoncés « il est interdit de taper, de mordre, de tirer les cheveux, etc.... » et répétés autant de fois que nécessaires, et ce jusqu'à ce que l'enfant les intègre. Ces comportements agressifs sont aussi un mode de communication pour le petit enfant qui ne possède pas encore le langage pour se faire comprendre ou exprimer ses émotions, il appartient donc aux adultes d'encourager l'enfant à utiliser d'autres moyens d'expressions (dire «non » par exemple).
Petit à petit l'enfant intégrera cet interdit et en grandissant, en développant son langage, il sera de plus en plus en mesure de maîtriser ses pulsions et de « se retenir ».

Il faut savoir que tous les enfants sont concernés par cette étape du développement, pour certains cela durera plus longtemps que pour d'autres, mais ce qui compte finalement c'est que chacun arrivera à dépasser ce stade, à condition qu'on lui en donne les moyens. De même, tous les enfants sont potentiellement susceptibles d'être « agressés », il n'y a jamais de « bouc émissaire », même si cela peut en donner le sentiment quand, par exemple, un enfant se fait mordre plusieurs fois de suite.

Dans la prévention de ces comportements nous avons, nous professionnelles, un rôle important à jouer, notamment dans l'aménagement de l'espace (éviter les zones trop cachées du regard de l'adulte, les espaces trop petits où les enfants se gênent, etc...). En outre, l'adulte doit avoir une attention permanente sur le groupe d'enfants et un regard sur chacun de façon à ce que chaque enfant se sente «porté », «contenu » par l'adulte. L'adulte doit donc être « stable »dans l'espace, facilement repérable par tous les enfants et présent physiquement et psychiquement pour eux. Pour cela nous privilégions les petits groupes et nous remettons continuellement notre organisation en question, de façon à répondre au plus près des besoins des enfants. Cependant, nous ne pouvons pas toujours éviter les débordements, cela va très vite et se passe parfois sous nos yeux avant qu'on ait pu réagir. Cela est ensuite difficile à gérer car, il nous faut annoncer la mauvaise nouvelles aux parents qui seront fortement touchés et peinés de retrouver leur enfant marqué.

Les six premiers mois : la découverte du monde par les sens

Dans de nombreux lieux de la petite enfance, il est commun de proposer des activités pour aider à la socialisation seulement à partir de la section des moyens, au-dessus de 15 mois. Or, l'accompagnement à la socialisation devrait intervenir dès le plus jeune âge dans la section des bébés. En mettant en parallèle les connaissances sur le développement du jeune enfant et des pratiques adaptées, il est possible de favoriser la socialisation chez les très jeunes enfants qui sont encore peu dans les interactions avec les autres bébés de la section.

L'adaptation, premier temps de socialisation.

Quand un nouvel enfant arrive dans une section, les professionnels mettent en place une adaptation afin qu'il se familiarise avec l'accueillant qui s'occupera de lui. Cette période sert à la rencontre individuelle entre un adulte et un jeune enfant. Cependant, la rencontre s'effectue parmi d'autres enfants.  Une dynamique de groupe existe déjà et chacun a une place consciente ou inconsciente dans cette section. Tous les changements d'habitudes entraînent de l'angoisse autant chez celui qui est en adaptation que chez celui qui est déjà accueilli. « L'inconnu » fait peur.  Les bébés présents se voient confier à une personne relais afin de libérer la professionnelle et être plus disponible pour le nouveau camarade.  Le premier acte de socialisation dans une section de bébés est de présenter les nouveaux.  Par cette action, nous mettons les enfants en place de « sujets ». Nommer une personne est un acte de socialisation de base que nous faisons dès que nous rencontrons un autre adulte.  Ce geste indique que « je suis » un tel ou une telle.  Pour aller vers les autres de la bonne façon, il faut déjà savoir qui nous sommes. Or, les jeunes enfants sont justement dans la phase de développement de leur personnalité mais également de leur conscience de « soi »(je suis quelqu'un de bien distinct de ma mère).

La conscience de soi passe par le corps.

Pour permettre aux bébés de bien se socialiser, nous devrions axer les premiers temps de crèche à la découverte de son corps. Plus exactement, nous devrions travailler autour de son « schéma corporel » c'est-à-dire faire prendre conscience au bébé que son corps forme un tout et en symétrie autour d'un axe : la colonne vertébrale. De nombreux professionnels pratiquent, lors des soins quotidiens (change, toilette), des gestes qui aident l'enfant à prendre conscience de son corps.  La méthode de Loczy en est un bon exemple.  Le respect de l'activité autonome dans cette méthode aide les enfants à découvrir la motricité de leur corps à leur rythme.  Winnicott, dans ses ouvrages, a expliqué avec les termes de handling et holding comment le bébé, avec l'aide de sa mère ou d'un substitut, développe sa capacité à intégrer sa notion de corps et d'être.  Lors des premiers mois, le nourrisson est peu mobile.  Nous pouvons lui proposer des activités peu coûteuses en temps et en argent pour l'aider à connaître son corps. Les caresses d'une simple plume frôlant les différentes parties du corps du bébé en les nommant en est un bon exemple. « Le jeu de coucou », pour cacher une main ou un pied, favorise la découverte de son corps. Les bains et autres jeux où le corps de l'enfant est recouvert aide à prendre la notion de volume de son corps mais aussi, qu'il peut être contenu dans quelque chose. Les massages sont d’excellents médiateurs pour nommer les parties du corps et nous pouvons les faire en chansons.  Les enfants en sont très friands. C'est pour une simple et bonne raison, il est difficile d'avoir une représentation visuelle de son dos si nous prenons cet exemple. Plus nous accompagnons l'enfant à découvrir son corps sur lui, moins il aura besoin d'explorer celui de ses camarades. Tout compte fait, nous avons renforcé la socialisation positive dès le plus jeune âge de l'enfant.

Catherine Gueguen, pédiatre :"Arrêtons de dire aux petits "t'es pas gentil" !"

Catherine Gueguen , pédiatre formée à l’haptonomie et à la Communication Non Violente (CNV), a fait découvrir au grand public, grâce à deux livres à la fois accessibles et savants *, les notions de bienveillance, d’empathie . Elle explique ici ce que nous apprennent les dernières découvertes des neurosciences affectives et sociales sur le jeune enfant et le développement de son cerveau. Son souhait : que les professionnels de la petite enfance s’en inspirent pour revoir leurs pratiques

Les Pros de la Petite Enfance : Pédiatre, vous vous êtes formée à l’haptonomie, puis vous avez découvert les neurosciences affectives et sociales. Cela a été une révélation ?

Catherine Gueguen : Les neurosciences affectives et sociales m’ont donné, moi qui ai pratiqué la pédiatrie pendant plus de trente ans, une autre vision de l’enfant. Elles constituent un apport considérable dans la connaissance du développement de l’être humain.  Et surtout maintenant on sait exactement ce qu’il faudrait faire pour que l’enfant se développe bien. Ce n’est plus une question d’intuition, c’est le début de la connaissance scientifique.

Et que sait-on vraiment ?

On sait que le cerveau est beaucoup plus vulnérable et fragile  que ce que l’on pensait. Et que durant les deux premières années de la vie d’un enfant, il est aussi très malléable. Tout ce qu’on vit s’imprime très profondément dans le cerveau du bébé.  Tout ce qu’on dit, tout ce qu’on fait est important. C’est pourquoi les métiers de la petite enfance sont si importants.  Rien de ce que font les professionnels n’est anodin.  Ils jouent un rôle fondamental pour le développement de l’être humain.

Qu’est ce qui favorise un bon développement du cerveau ?

A chaque fois qu’on a une attitude empathique (sentir et comprendre des émotions de l’autre) et bienveillante (c’est être empathique), qu’on est soutenant, encourageant, cela permet au cerveau de se développer. Cela touche le cortex préfrontal qui nous permet d’être différent des grands singes, cela fait développer des circuits cérébraux qui vont permettre à l’enfant, progressivement, de savoir gérer ses émotions.

C’est pour cela que vous pensez que les professionnels doivent materner les bébés ?

Materner, c’est prendre soin, consoler, rassurer.  Materner cela favorise la maturation du cortex préfrontal, la sécrétion d’hormones et molécules qui permettent le développement du cerveau.  Et en plus cela génère la sécrétion d’ocytocine.  C’est un cercle vertueux.  Oui les professionnelles de la petite enfance doivent materner.  Cela fait du bien à tout le monde, à elles comme au bébé.  Le bébé a besoin de se sentir aimé et en sécurité.  Intuitivement on le savait, aujourd’hui c’est confirmé par la science.  Cela a été extraordinaire de constater que ce qui rendait les gens heureux est confirmé par la science !

Vous dites aussi que les professionnels doivent comprendre que jusqu’à 3 ans un enfant ne peut pas gérer ses émotions et que ses comportements quels qu’ils soient ne peuvent être assimilés à des provocations ?

Entre la naissance et trois ans un enfant  ne peut pas gérer ses émotions.  Ce n'est pas qu’il ne veut pas ou ne sait pas. Il ne peut pas.  Le tout-petit ne provoque pas l’adulte. Son cerveau émotionnel et archaïque domine pendant la petite enfance.  Donc l’enfant est dominé par ses émotions.  Quand il est triste, il est immensément triste, quand il a peur, ce sont d’immenses paniques, quand il est en colère ,il est très en colère.  Les professionnels doivent savoir que l’enfant, quand il est en proie à des tempêtes émotionnelles, ne le fait pas exprès.  Il souffre.  Si l’adulte ne le rassure pas, ne le console pas, ne l’apaise pas, le cerveau de l’enfant se stresse et secrète des molécules de stress toxiques pour le cerveau du tout-petit.

Comment consoler un enfant en pleine tourmente émotionnelle ?

Tout enfant qui pleure doit être écouté et entendu. Pour le consoler, il faut d’abord savoir nommer les émotions de l’enfant. Et  pour cela le professionnel doit être connecté avec ses propres émotions. Ensuite, l’apaiser ne veut pas dire céder, mais expliquer avec des phrases courtes et simples. Cela demande énormément d’attention, de soins, de maternage. Les professionnels de la petite enfance travaillent avec la période la plus compliquée pour l’adulte et pour l’enfant. C’est déstabilisant et difficile les trois premières années de la vie. C’est le cerveau émotionnel qui est en action. Le cerveau supérieur va venir ensuite le réguler. Et plus les professionnels maternent, plus le cortex préfrontal va maturer (vers 5/6 ans).

Que se passe- t il si on ne sait pas faire face aux émotions du tout petit ?

Quand on ne répond pas aux besoins émotionnels de l’enfant, cela génère du stress et des troubles du comportement (agitation, anxiété, déprime) et cela fabrique des adultes qui ne sauront jamais gérer leurs émotions.

Les neurosciences expliquent-elles vraiment tous les comportements des jeunes enfants ?

Elles en expliquent beaucoup.  Par exemple pourquoi vers un an-18 mois certains mordent ou tapent ?  Cela s’explique par la domination du cerveau archaïque, celui que nous avons en commun avec les reptiles et les poissons.  Il est là pour notre survie.  Quand les besoins fondamentaux d’un tout-petit  ne sont pas satisfaits, quand il ne se sent pas en sécurité, son cerveau archaïque va se mettre en action : et le bébé va taper, mordre, fuir ou attaquer.  Le punir, lui dire qu’il est méchant c’est de la maltraitance émotionnelle, je voudrais ne plus entendre « t’es méchant, t’es vilain, t’es pas gentil ! ». Toutes les paroles dévalorisantes, la critique, la honte, le rejet, l’isolation … c’est trop fréquent tant chez les professionnels comme chez les parents d’ailleurs.

Un bébé en mord un autre … Que faut–il faire alors ?

Certainement pas le punir ! Les punitions c’est terrible pour le cerveau des petits c’est le contraire de ce qu’il faut faire.  Des études récentes montrent que cela abîme la partie du cerveau qui nous rend pleinement humain !  Il faut que les professionnels prennent conscience qu’il ne faut vraiment plus utiliser ces mots-là.  Et cela s’apprend notamment par la Communication non violente (CNV).  Un enfant mord, on ne le punit pas. On rappelle juste la règle : on ne mord pas.  Punir ce serait montrer que seuls les rapports de force permettent de régler les conflits.  

Les neurosciences affectives et sociales, la CNV … tout ça ne fait pas partie des formations des professionnels de la petite enfance, vous le regrettez ?

Oui je pense que tous les pros devraient être formés à la relation.  Parce qu’avoir une attitude  bienveillante cela permet de développer les compétences relationnelles et émotionnelles de l’enfant mais aussi de développer ses capacités intellectuelles.  Et même son sens moral.  
Par ailleurs, je pense que les adultes doivent se comporter comme de vrais adultes.  Comme ils veulent que les enfants se comportent.  Grâce à ces neurones miroirs, l’enfant va imiter l’adulte qu’il adevant lui.

L'angoisse de la séparation: vers les 8 mois

Généralement, l'angoisse de séparation apparaît chez l'entant à ses 8 mois. Le bébé commence alors à reconnaître le monde qui l'entoure, mais aussi les personnes qu'il voit chaque jour. Il comprend aussi qui sont les inconnus et n'a donc plus les mêmes comportements qu'auparavant. Il peut aussi devenir difficile de reconnaître son bébé qui était pourtant si souriant et absolument pas sauvage envers les inconnus. Même si tous les bébés ne passent pas cette phase, elle reste tout de même très commune. C'est d'ailleurs une période clé du comportement des bébés. En plus de cela, le bébé peut éprouver la peur d'être abandonné et ne supporte donc plus de se retrouver seul sans ses parents. Dans certains cas, cette angoisse peut durer jusqu'à ses 18 mois. Il faut donc s'armer de patience puisque cette angoisse se manifeste en général par beaucoup de pleurs.  
Comment doivent agir les parents ?

- Ne pas partir lorsqu'il dort ou sans qu'il ne le voie. Il pourrait ressentir cela comme un réel abandon. Il faut donc clairement lui expliquer votre départ et lui dire au revoir.

- Il faut l'habituer à voir du monde régulièrement sans pour autant le forcer à se faire prendre dans les bras des autres. Il faut lui laisser le temps de s'habituer aux endroits nouveaux.

- Il ne faut pas chercher à le forcer à la séparation en pensant que c'est bon pour lui de « l'habituer ». C'est enfaite totalement faux et cela risque simplement de le perturber encore plus qui ne l'est déjà.

- Il est important pour lui d'avoir un objet qui lui permet de lui rappeler ses parents si vous êtes quand même obligé de le quitter. On appel cela un objet transitionnel et cela lui permet de sentir que vous êtes tout de même près de lui